richesse oblige de Rigny

Si l'on ne peut pas reprocher quelque chose à Hannelore CAYRE, c'est de ne pas prendre parti. Richesse oblige bouscule les codes, rue dans les brancards ! Blanche de Rigny, son héroïne, n'a nul besoin de son appareillage pour foncer et appuyer là où ça fait mal, à savoir le principal fondement de notre système, l'héritage avec un grand H.

Mettant à profit la révolte d'un de ces ancêtres du XIXème siècle et la puissance de la recherche généalogique due à Internet, notre Blanche ne tarde pas à s'exprimer pleinement, par des paroles plus que par des actes (handicap oblige) pour remettre à l'heure de sa justice les pendules de sa famille aristocrate.

Richesse oblige suit en parallèle les parcours d'un de ses rejetons révolté, Auguste, se rêvant en tribun communard, et celle de Blanche, Bretonne de souche quittant son "île" pour s'épanouir dans des manoeuvres souterraines pour déstabiliser l'establishment en place. Car oui, on peut tuer de plein de façon, du moment que l'on accède à l'information... Ici, la morale bourgeoise est reniée, le Noir n'est pas que synonyme de polar mais aussi celui d'un anarchisme revendiqué. Après tout, pourquoi se priver face à une classe sociale qui crée la Société Anonyme, "extraordinaire invention juridique (...)" qui permet "de faire des affaires sans être responsable de ses échecs" ou, pire, qui ne considère l'Homme que comme une marchandise qui se loue, s'achète et se vend, seule la forme changeant au travers des siècles !

Par d'atermoiements, pas de préjugés. C'est du direct qui se lit d'une traite avec une pointe d'humour et la saisie d'occasions pour lever quelques coins de voile sur notre passé et notre présent peu reluisants.

Notice de l'éditeur

Dans les petites communautés, il y en a toujours un par génération qui se fait remarquer par son goût pour le chaos. Pendant des années l’engeance historique de l’île où je suis née, celle que l’on montrait du doigt lorsqu’un truc prenait feu ou disparaissait, ça a été moi, Blanche de Rigny. C’est à mon grand-père que je dois un nom de famille aussi singulier, alors que les gens de chez moi, en allant toujours au plus près pour se marier, s’appellent quasiment tous pareil. Ça aurait dû m’interpeller, mais ça ne l’a pas fait, peut-être parce que notre famille paraissait aussi endémique que notre bruyère ou nos petits moutons noirs… Ça aurait dû pourtant…

Au XIXe siècle, les riches créaient des fortunes et achetaient même des pauvres afin de remplacer leurs fils pour qu’ils ne se fassent pas tuer à la guerre. Aujourd’hui, ils ont des petits-enfants encore plus riches, et, parfois, des descendants inconnus toujours aussi pauvres, mais qui pourraient légitimement hériter ! La famille de Blanche a poussé tel un petit rameau discret au pied d’un arbre généalogique particulièrement laid et invasif qui s’est nourri pendant un siècle et demi de mensonges, d’exploitation et de combines. Qu’arriverait-il si elle en élaguait toutes les branches pourries ?