La fabrique de la terreur Frederic Paulin

C'est avec le massacre du Bataclan que s'achève cette trilogie, terrible et parfaitement documentée, sur trente ans de l'histoire du terrorisme qui a ensanglanté le monde.

Deux femmes détiennent le premier rôle : Laureline Fell, cadre des services de renseignements français et Vanessa Benlazar, journaliste free-lance. Les deux possèdent un point commun de taille, leur proximité avec Tedj Benlazar, héros déchu des deux volumes précédents. Au travers de ces deux femmes Frédéric PAULIN s'attache à expliquer comment des jeunes, que ce soit en Tunisie, en France ou en Belgique se sont retrouvés enrôlés dans les armées d'Al Qaida ou de Daech. Sans concessions et sans excuses pour ces jeunes soldats (tels qu'ils se définissent), avec son style direct, il analyse le mécanisme implacable monté par ces organisations pour recruter. Il donne également sa vision des états, qu'ils soient arabes ou occidentaux, qui ont souvent financé à l'origine, puis manipulé à des fins politiques ces groupes composés au départ d'une poignée d'individus. Au final, ceux-ci ont échappé à leur contrôle pour perpétrer attentats et conflits armés.

Complètement dépassés par les événements , les services de renseignements, français entre autres, tâtonnent ; trop confiants dans la technologie et dans leurs certitudes, coupés du terrain, ils en deviennent aveugles. Les enjeux des politiques à court terme, de la réunion de la DST avec les RG dans la DCRI sous Nicolas Sarkosy puis de la transformation de la DCRI en DGSI sous Manuel Valls, limitent encore un peu plus leur efficacité.

La Fabrique de la terreur porte bien son titre. Au cours de la lecture il prend tout son sens. Frédéric PAULIN fournit également la clé de son volume précédent "La guerre est une ruse", phrase attribuée à Merah, auteur des attentats de Montauban et de Toulouse.

Cette superbe trilogie sur ces évènements dramatiques fera référence, même avec son approche romanesque (elle n'a pas l'ambition d'être un essai historique mais se classe sans conteste parmi les "polars"), dans la compréhension de ce phénomène social et politique qui, il ne faut pas l'oublier, existe depuis des siècles : le terrorisme.

Notice de l'éditeur

Cette nuit, il y aura des affrontements, il y aura des blessés et des morts. Il y aura la volonté farouche d’un peuple de mettre à bas ses dirigeants. ”

Janvier 2011 : après l’immolation de Mohamed Bouazizi, jeune marchand ambulant poussé au désespoir par la misère et l’arbitraire, le peuple tunisien se soulève et « dégage » Ben Ali. C’est le début des « printemps arabes », et Vanessa Benlazar, grand reporter, est aux premières loges. Derrière la liesse populaire, la jeune Française pressent que cette révolution court le risque d’être noyautée par les islamistes, toujours prompts à profiter d’un vide du pouvoir. Bientôt, la chute de Khadafi, la guerre civile en Syrie et le chaos qui s’installe dans tout le Levant lui donnent raison : un nouveau groupe semble émerger peu à peu des décombres, venu d’Irak pour instaurer un califat dans la région ; un groupe dont la barbarie est sans limite, aux méthodes de recrutement insidieuses et modernes, et qui prône la haine de l’Occident. À Toulouse, justement, Laureline Fell, patronne de l’antenne locale de la DCRI tout juste créée par Sarkozy, s’intéresse à un certain Merah, soupçonné de liens avec des entreprises terroristes. Mais les récentes réformes du renseignement français ne lui facilitent pas la tâche. Quand le pire advient, Fell comprend que la France n’est pas armée pour affronter ce nouvel ennemi qui retourne ses propres enfants contre leur pays : d’autres jeunes sont prêts à rejoindre l’État islamique, autant de bombes à retardement que Laureline, avec l’aide de Vanessa, va tenter de désamorcer. Avec ce dernier tome, Frédéric Paulin clôt la trilogie Benlazar qui nous mènera de Tunis à Toulouse, de Lunel à Bengazi, dessinant la carte des nouveaux réseaux terroristes qui frapperont Paris en plein coeur au cours de l’année 2015.