Fannie et Freddie (et Ceux qui construisent les bateaux ne les prennent pas)

Fannie et FreddieIl aurait été dommage de passer à côté de Fannie et Freddie sans le voir. Ce petit recueil de deux nouvelles, Fannie et Freddie et Ceux qui construisent les bateaux ne les prennent pas, se lit d'une traite. Le fil rouge : les friches industrielles des anciennes usines sidérurgiques et métallurgiques de la Bethlehem Steel en Pennsylvanie et des Chantiers navals de la Seyne-sur-Mer. Ces lieux ne jouent pas le rôle de décor. Ils sont indissociables des actions qui se déroulent à leur marge, avec des femmes et des hommes confrontés à la fin de cet univers ouvrier dans lequel ils sont nés et ont grandi.

Percutantes, ces nouvelles sont un concentré du polar dit social, sans fioritures et sans véritable héros.

Les noms de Fannie et Freddie n'évoquent probablement pas grand chose à la plupart des lecteurs. Mais s'ils font un petit tour aux Etats-Unis, qu'ils réfléchissent bien avant de prononcer ces deux prénoms ensemble. Les réactions de leurs interlocuteurs pourraient être violentes.

Notice de l'éditeur

New York. L’énorme escroquerie des subprimes a conduit à la ruine des millions de ménages modestes endettés à mort, comme les parents de Fannie, vieux couple d’ouvriers rêvant d’accéder à la propriété. Fannie, surnommée Minerve par ses collègues parce que son buste tout entier pivote quand on l’interpelle. Fannie, dont personne ne se doute que sa raideur masque une effrayante coquetterie pour dissimuler un œil de verre. Cachant l’âme d’un cyclope solitaire, cette Minerve borgne n’en est pas moins femme. Au volant de sa vieille Toyota, elle traverse l’Hudson et se dirige vers la pointe fortunée de Manhattan, l’esprit vide, des sortes de rêves plein le cœur… « Le trajet dure une quarantaine de minutes, au terme duquel elle pénètre dans un parking couvert au 45, Wall Street. Elle monte jusqu’au sixième niveau, le dernier, et parcourt les allées au ralenti jusqu’à ce qu’elle ait repéré ce qu’elle cherche : un coupé Mercedes gris métallisé. »

L’auteur de l’inoubliable Garden of Love use d’un style percutant, d’une justesse implacable, pour parler de la vraie vie dans un monde d’une tranquille inhumanité, qu’on dirait inventé pour terrasser l’individu au profit d’une coalition perverse de spéculateurs et d’exploiteurs de tout acabit. C’est ce qui ressort de Fannie et Freddie, récit d’une vengeance à couper le souffle, comme seuls la folie et le désespoir savent en fomenter.