Vilaines filles de Megan ABBOTT

Une bourgade moyenne des États-Unis. Son centre ville, son équipe de foot, son lycée, ses pom-pom girls. Rien de bien extraordinaire donc, en apparence. Derrière cette image classique du way of life largement diffusée, Megan ABBOTT braque son projecteur sur cette bandes d’adolescentes que nous avons tous vu au cinéma, chargée d’occuper lors des mi-temps des matchs un public parfois plus enclin à boire sa bière ou à manger son pop corn. Mais qui sont-elles : gentilles lycéennes ou vilaines filles ?

Laissons derrière nous nos préjugés, oublions tous nos fantasmes avant de lire Vilaines filles. Certes elles sont sûrement très sexy, ces jeunes filles du lycée de Sutton Grove qui composent l’équipe de pom-pom girls. Mais ne nous méprenons pas, il ne suffit pas de se trémousser en faisant tourner sa jupe et d’agiter en cadence sa blonde queue de cheval pour devenir une bonne pom-pom girl, une cheerleader de compétition.

Megan ABBOTT dévoile sans fard les dessous de ce microcosme très particulier en donnant le rôle de conteuse à l’une d’elle, la fidèle lieutenante de la capitaine de l’équipe. Par son regard nous découvrons avec précision, de l’intérieur, cet univers où la recherche de perfection physique est constante, où tous les coups sont permis pour parvenir au pouvoir, à savoir être capitaine ou, à défaut, bien vue par la coach.

Vilaines filles est particulièrement réussi dans ce domaine. Rien ne lui échappe : les histoires de « filles », les mesquineries, les jalousies, les futilités et les questions existentielles, ainsi que la violence à l’état brut. Et, dans une lecture plus fine, remontent aussi à la surface leur détresse, leur isolement - avec l’absence marquée des adultes, parents, enseignants -, leur fragilité vis à vis du monde qui les entoure.

Comme dans ses autres romans (Absente, Adieu Gloria entre autres) les rapports entre les femmes figurent au centre de ce récit. Mais à l’inverse de ces derniers, pour le côté « thriller » le résultat n’est pas atteint. L’intrigue est faible, le développement de l’histoire un peu poussif. Il faut attendre le milieu du roman pour rentrer véritablement dans le cœur du sujet. L’étude psychologique prend le pas sur l’enquête.

Vilaines filles se lit malgré tout avec plaisir, mais plus pour ses qualités narratives et son approche sociologique que pour frémir. Même si elles sont vilaines et quelques peu délurées, elles ne nous ferons pas passer une nuit blanche !

notice de l'éditeur :

Addy et Beth sont fortes, dures à cuire, inséparables et invincibles. Membres de l’équipe de pom-pom girls du lycée, « parce qu’il faut bien quelque chose pour occuper le vide de l’adolescence ». Elles sont parfaites : leurs jambes galbées, leur ventre plat, leurs queues-de-cheval de la même longueur, leur maquillage irréprochable.
Une nouvelle coach arrive au lycée et les choses commencent à changer. Grande, belle, intimidante, elle est parfaite elle aussi et place beaucoup d’espoir dans l’équipe. Toujours élégante, autoritaire, la coach mène la danse et les filles tombent vite sous sa coupe. Elles sont prêtes à tout pour obtenir ses faveurs : devenir sans cesse plus rapides, plus fortes, plus résistantes et plus minces, quitte à se faire vomir. Leur monde insipide et sans profondeur se resserre.
Mais un jour, la coach franchit la ligne de trop…

Un roman ravageur sur l’adolescence, la fatuité des jeunes filles, la séduction, la jalousie et l’obsession, les rivalités amères et la manipulation. Ce n’est plus « regarde comme je suis parfaite » mais « regarde ce dont je suis capable ».