Le dernier laponLa Laponie du Père Noël est bien loin dans Le dernier lapon. Les blessures de la colonisation violente des territoires samis par les prêcheurs chrétiens, puis leur partage par les suédois, les norvégiens, les finlandais et les russes laissent encore des plaies à vif. L'acquisition d'une relative autonomie n'a pas suffit à protéger efficacement leur culture ancestrale, et la folie minière avec la course au pillage de leurs richesses naturelles est encore d'actualité. C'est dans ce contexte que deux policiers de la police des rennes doivent enquêter sur un vol de tambour et un meurtre. Ils mènent leurs investigations dans les profondeurs du vidda, la toundra, sous les aurores boréales. Les paysages décrits sont enivrants, même par moins trente degrés.

Avec ce roman, Olivier Truc s'inscrit dans cette nouvelle forme de courant que l'on pourrait nommer les "ethno-polars". Il rejoint Caryl Ferrey avec Mapuche, peuple indigène de la pampa argentine et Zulu, au coeur des ethnies sud-africaines.

On regrette presque que les coupables soient si vite découverts. On aurait bien poursuivi l'aventure encore un peu plus longtemps aux côtés de Klemet Nango et de sa co-équipière Nina Nansen, et du dernier lapon...

Notice de l'éditeur

L’hiver est froid et dur en Laponie. À Kautokeino, un grand village sami au milieu de la toundra, au centre culturel, on se prépare à montrer un tambour de chaman que vient de donner un scientifique français, compagnon de Paul-Emile Victor. C’est un événement dans le village. Dans la nuit le tambour est volé. On soupçonne les fondamentalistes protestants laestadiens : ils ont dans le passé détruit de nombreux tambours pour combattre le paganisme. Puis on pense que ce sont les indépendantistes sami qui ont fait le coup pour faire parler d’eux. La mort d’un éleveur de rennes n’arrange rien à l’affaire. Deux enquêteurs de la police des rennes, Klemet Nango le Lapon et son équipière Nina Nansen, fraîche émoulue de l’école de police, sont persuadés que les deux affaires sont liées. Mais à Kautokeino on n’aime pas remuer les vieilles histoires et ils sont renvoyés à leurs courses sur leurs scooters des neiges à travers l’immensité glacée de la Laponie, et à la pacification des éternelles querelles entre éleveurs de rennes dont les troupeaux se mélangent. Au cours de l’enquête sur le meurtre Nina est fascinée par la beauté sauvage d’Aslak, qui vit comme ses ancêtres et connaît parfaitement ce monde sauvage et blanc. Que s’est-il passé en 1939 au cours de l’expédition de P-E. Victor, pourquoi, avant de disparaître, l’un des guides leur a-t-il donné ce tambour, de quel message était-il porteur ? Que racontent les joïks, ces chants traditionnels que chante le sympathique vieil oncle de Klemet pour sa jeune fiancée chinoise ? Que dissimule la tendre Berit malmenée depuis cinquante ans par le pasteur et ses employeurs ? Que vient faire en ville ce Français qui aime trop les très jeunes filles et a l’air de bien connaître la géologie du coin ? Dans une atmosphère à la Fargo, au milieu d’un paysage incroyable, des personnages attachants et forts nous plongent aux limites de l’hypermodernité et de la tradition d’un peuple luttant pour sa survie culturelle. Un thriller magnifique et prenant, écrit par un auteur au style direct et vigoureux, qui connaît bien la région dont il parle.